« Maker » autodidacte, Sylvie Pereira publie depuis 2016 des vidéos de bricolage et de rénovation sur sa chaîne Youtube SyPer. Elle y partage sa passion pour les créations en bois, en métal ou en pierre, ses expérimentations et ses projets. Le dernier en date : la restauration d’une grange et la construction d’une tiny house en Normandie. Rencontre avec une youtubeuse pas comme les autres.
Quel est votre métier ? D’où vous vient votre passion pour le bricolage ?
Avant de me lancer à temps plein sur Youtube, j’ai travaillé 20 ans comme Service Manager et Chef de projet pour des réseaux télécom internationaux. Rien à voir avec le bricolage et la rénovation !
Depuis toute petite, je suis fascinée par le bricolage et le travail de la matière. Pendant mes études, j’ai essayé toutes sortes d’activités créatives pour m’occuper : la sculpture, la mosaïque, la fabrication de meubles… Cela m’a fait découvrir une passion pour la création. Quand je crée un objet, j’entre dans un état de concentration, une sorte de vibration qui m’anime. J’ai continué à expérimenter la création depuis toutes ces années. Aujourd’hui, je me consacre à 100% à la création de contenu sur Youtube.
Quand vous êtes-vous lancée sur Youtube ? Pourquoi ? Qu’aviez-vous envie de partager ?
Je regardais déjà beaucoup de vidéos de makers anglosaxons, ce qui m’a donné envie de montrer à mon tour mes créations. J’ai donc publié ma première vidéo en 2016. Mon idée n’était pas d’enseigner l’art et la manière de réaliser quelque chose, mais plutôt de montrer que créer est à la portée de tout le monde, que rien n’est impossible. J’avais envie de prouver qu’avec de l’entraînement, les choses sont moins difficiles qu’elles n’en ont l’air, et que l’on est capable de bien plus que ce que l’on croit.
Comment se sont passés vos débuts sur Youtube ?
Les débuts ont été difficiles. La chaîne avait très peu de visibilité et j’ai mis un an à atteindre 100 abonnés. Malgré tout, j’ai continué à poster des vidéos régulièrement car cela me poussait à me dépasser, à aller au-delà de ce que j’étais capable de faire, seule dans mon atelier. Et puis c’était l’aventure de l’inconnu. Après un an, mes vidéos ont commencé à être partagées, ma chaîne à devenir plus visible et les abonnements ont grimpé. Elle grossit très rapidement depuis que j’ai commencé mon projet de rénovation d’une grange en mars 2021.
Vous publiez beaucoup des vidéos d’astuces et de conseils bricolage. Comment choisissez-vous les thématiques de vos vidéos ?
Je choisis mes sujets en fonction de mon besoin : je partage mes projets, mes créations, mes expérimentations. J’ai donc fait des vidéos pour montrer l’installation de mon atelier par exemple, ou encore comment j’ai restauré de vieux outils.
J’aime aussi montrer comment évoluent mes créations dans le temps, ou encore ce qui ne fonctionne pas. Il y a quelques années, j’ai eu un problème d’aspiration dans mon atelier et j’ai partagé ce râté dans une vidéo qui m’a permis d’échanger des astuces avec ma communauté.
Vous avez aussi une seconde chaîne Youtube dédiée au tournage sur bois et vous publiez du contenu sur Instagram…
Oui, j’ai créé une chaîne secondaire dédiée au tournage sur bois, car c’est un sujet qui me passionne mais qui n’intéresse pas toujours mes abonnés sur ma chaîne principale. J’y publie mes créations et expérimentations en bois.
Sur Instagram, je publie beaucoup plus librement sur mes acquisitions et mes petites créations, comme la fabrication d’assiettes ou de cuillères en bois. Surtout, j’y poste principalement des stories dans lesquelles je montre ce que je fais chaque jour.
Aujourd’hui, vous travaillez sur un grand projet de restauration de grange en Normandie. Comment se passent les travaux ?
C’est un vaste projet d’1,4 hectares qui se compose de plusieurs parties : d’abord, la construction neuve d’une tiny house. Ensuite, la rénovation de trois granges : l’une servira d’habitation, les deux autres serviront d’atelier métal et de lieu de stockage. Il y a également un grenier normand et les vestiges d’un four à pain que je vais restaurer. Enfin, je déposerai un permis de construire pour réaliser un atelier bois.
Actuellement, je travaille en parallèle à la construction de la tiny house et à la restauration de la grange qui me servira de maison. Je réalise l’essentiel des travaux moi-même et j’utilise au maximum des matériaux biosourcés ou de récupération, dans une logique de réemploi. Pour la maison, je collabore avec un architecte et je confierai les travaux de charpente à une entreprise avant de réaliser le reste seule.
L’objectif de ce lieu est de disposer sur place de plusieurs ateliers et d’y proposer des formations d’initiation au bricolage, au tournage sur bois, au travail du métal, etc. L’idée est de m’entourer de professionnels spécialisés chacun dans un domaine pour dispenser ces formations.
Vos vidéos Youtube sont très qualitatives, avec des cadrages professionnels, une voix off… Comment organisez-vous vos tournages ?
Il est important pour moi de réaliser des vidéos agréables à regarder. Je prête une attention particulière au cadrage : je fais toujours plusieurs plans lorsque je travaille pour pouvoir varier les plans larges et les plans serrés au montage. Cela prend donc du temps pendant que je travaille, car je dois parfois descendre d’une pelleteuse ou d’une échelle pour changer l’orientation de la caméra, le réglage du trépied, etc. Mais cela me permet d’obtenir des images intéressantes et agréables pour les personnes qui regardent mes vidéos.
Et le montage ?
Comme pour le tournage, j’ai appris à monter mes vidéos sur le tas. J’y passe beaucoup de temps, parfois plusieurs jours. Je fais très attention aux variations de lumière et de couleurs entre les plans, et je retouche certains plans en post-production. Ce sont des variables qui contribuent beaucoup à la qualité d’une vidéo et font qu’elle est agréable à regarder ou non.
Pour le son, j’utilise un micro-cravate, ainsi qu’un micro Yéti avec lequel j’enregistre la voix off. J’écris mes intros et les points importants de chaque vidéo pour ne rien oublier et j’ajoute en voix off les informations qui me semblent utiles pour commenter les images.
Enfin, j’ajoute une musique de fond pour rythmer la vidéo.
Vos vidéos ont aujourd’hui de nombreuses vues et vous collaborez régulièrement avec des marques du bâtiment. Comment choisissez-vous vos collaborations ?
L’important pour moi est d’initier des collaborations avec des marques avec lesquelles j’ai envie de collaborer. Je me refuse à travailler avec des marques dont je n’apprécie pas les produits. La plupart du temps, c’est moi qui sollicite les marques en fonction de mes projets en cours. Certaines ont encore du mal à comprendre l’intérêt de collaborer avec les influenceurs, mais de plus en plus de marques sont ouvertes aux e-RP.
Aujourd’hui, je collabore avec des marques qui me fournissent des matériaux ou des produits pour faire avancer mes travaux. Je cherche également des sponsors pour me permettre de vivre à 100% de ma chaîne Youtube.
Demandez-vous une rémunération pour la collaboration ?
Lorsqu’il s’agit d’un don de produits ou de matériaux, je ne réclame pas d’argent, car les matériaux fournis équivalent plus ou moins à la rémunération d’une vidéo sponsorisée, pour laquelle je demande 3 000 € par vidéo.
Cela peut sembler cher, mais les collaborations avec les influenceurs sont très intéressantes par rapport à une opération marketing classique. Pour ce budget, un influenceur imagine, produit et diffuse la vidéo à sa communauté, qui est bien souvent cœur de cible pour la marque. A l’inverse, réaliser une campagne publicitaire nécessite de faire appel à plusieurs prestataires pour réaliser la vidéo et la diffuser. Au final, l’addition monte beaucoup plus vite.
Retrouvez Sylvie Pereira :
Chaîne Youtube SyPer : https://www.youtube.com/c/SylviePereiraSyPer/
Chaîne Youtube SyPer Tournage sur bois : https://www.youtube.com/c/SyPerTournagesurbois/
Instagram : www.instagram.com/sypermoi/